Le delirium est un trouble cognitif aigu caractérisé par une altération de la conscience et des fonctions mentales. Ce trouble se distingue du délire, qui se caractérise par des idées fausses, et de la démence, qui correspond à un déclin cognitif progressif. Le delirium est un problème de santé publique majeur, impactant la santé et la qualité de vie de millions de personnes. La prévalence du delirium chez les patients hospitalisés est estimée entre 10 et 30%, et ce trouble est associé à une augmentation de la mortalité, de la durée de l'hospitalisation et des coûts de soins.
Le delirium : un trouble cognitif aigu
Le delirium est un trouble qui peut survenir à tout âge, mais il est plus fréquent chez les personnes âgées, fragiles ou souffrant de maladies chroniques. Ce trouble est souvent déclenché par un événement médical, comme une infection, une chirurgie ou un traumatisme crânien.
Causes du delirium
De nombreux facteurs peuvent contribuer à l'apparition du delirium. Il est important de comprendre les causes sous-jacentes afin de mettre en place une prise en charge adaptée.
- Facteurs prédisposants : l'âge avancé, la fragilité, les maladies chroniques (comme la démence), la dépendance à l'alcool ou aux drogues, l'état nutritionnel déficient et le manque de sommeil sont des facteurs qui augmentent le risque de développer un delirium.
- Facteurs déclencheurs : les infections (pneumonie, sepsis), les médicaments (opioïdes, benzodiazépines), la défaillance d'organes (insuffisance rénale, hépatique), le traumatisme crânien, la privation sensorielle (comme une hospitalisation prolongée), la déshydratation, la malnutrition, la douleur et la chirurgie sont des événements ou des situations qui peuvent déclencher un delirium.
- Facteurs de risque : l'alcoolisation chronique, la dépendance aux drogues, la déficience cognitive préexistante, les antécédents de delirium et la présence de troubles psychiatriques sont également des facteurs de risque importants.
Symptômes du delirium
Les symptômes du delirium sont variables et peuvent fluctuer au cours de la journée. Ils peuvent inclure des troubles de la conscience, des troubles cognitifs et des troubles du comportement.
- Troubles de la conscience : difficulté à se concentrer, à rester éveillé, confusion quant au lieu et au temps, désorientation.
- Troubles cognitifs : difficultés de mémoire, de langage, de raisonnement, de jugement, perte de l'orientation spatio-temporelle, hallucinations (visuelles, auditives, tactiles).
- Troubles du comportement : agitation, agressivité, confusion, irrégularités dans le cycle sommeil-veille, agitation, déambulation erratique.
Les effets du delirium sur le corps et l'esprit
Le delirium a un impact significatif sur le corps et l'esprit, entraînant des conséquences importantes pour le patient et son entourage. Les effets du delirium peuvent être aussi bien physiologiques que psychologiques.
Effets physiologiques du delirium
- Modifications du rythme cardiaque : le delirium peut entraîner une tachycardie (accélération du rythme cardiaque) ou une bradycardie (ralentissement du rythme cardiaque).
- Modifications de la pression artérielle : le delirium peut provoquer une hypertension (augmentation de la pression artérielle) ou une hypotension (diminution de la pression artérielle).
- Modifications de la respiration : le delirium peut entraîner une tachypnée (accélération de la respiration) ou une bradypnée (ralentissement de la respiration).
- Altération du fonctionnement des organes internes : le delirium peut affecter le fonctionnement des reins, du foie, des poumons et du cœur. Cela peut augmenter le risque de complications telles que les infections, l'insuffisance respiratoire ou la défaillance cardiaque.
- Augmentation du risque d'infection : le delirium est souvent associé à un affaiblissement du système immunitaire, ce qui augmente le risque d'infections.
- Déclin physique accru : le delirium peut entraîner une perte de mobilité, une diminution de la force musculaire et un déclin de l'état général.
Effets psychologiques du delirium
Les effets psychologiques du delirium peuvent être très invalidants pour le patient et son entourage. Le delirium peut engendrer une détresse importante, un sentiment de vulnérabilité et une perte d'autonomie.
- Anxiété et peur : le delirium peut provoquer des sensations d'anxiété, de peur, de confusion et de désorientation.
- Agitation et agressivité : le patient peut être agité, agressif, désorienté et avoir des comportements incohérents.
- Hallucinations : le delirium peut être accompagné d'hallucinations visuelles, auditives, tactiles ou olfactives.
- Trouble de la mémoire et de la concentration : le delirium peut entraîner des troubles de la mémoire à court terme, des difficultés de concentration et une perte de l'attention.
- Sentiment de détresse et de vulnérabilité : le patient peut se sentir angoissé, effrayé et désemparé face à sa situation.
- Isolement social et perte d'autonomie : le delirium peut entraîner une perte de la capacité à interagir socialement, une diminution de l'autonomie et une dépendance accrue aux autres.
- Risque de développement d'une démence : il a été démontré que le delirium peut augmenter le risque de développer une démence à long terme.
Diagnostic et prise en charge du delirium
Le diagnostic du delirium repose sur l'observation clinique, l'anamnèse et l'utilisation d'échelles de dépistage spécifiques. Des examens complémentaires (analyses sanguines, imagerie cérébrale) peuvent être effectués pour identifier les causes sous-jacentes.
Diagnostic du delirium
Le diagnostic du delirium est souvent difficile à établir car ses symptômes peuvent ressembler à ceux d'autres troubles neurologiques ou psychiatriques. La détection précoce du delirium est essentielle pour garantir une prise en charge efficace et prévenir les complications.
- Anamnèse et examen clinique : il est important de recueillir des informations sur les antécédents médicaux du patient, ses médicaments, son état nutritionnel et son environnement. Un examen clinique complet permettra d'évaluer l'état de conscience, les fonctions cognitives, le comportement et l'état physique du patient.
- Échelles de dépistage spécifiques : plusieurs échelles de dépistage ont été développées pour identifier la présence de symptômes de delirium. Parmi les plus utilisées, on peut citer l'échelle CAM (Confusion Assessment Method) et l'échelle NEECHAM (Nursing Home, Emergency, and Acute Care Confusion Assessment Method).
- Exploration complémentaire : des analyses sanguines peuvent être réalisées pour détecter les infections, les anomalies métaboliques ou les déséquilibres électrolytiques. Une imagerie cérébrale, comme une tomodensitométrie ou une IRM, peut être effectuée pour exclure des causes neurologiques.
Prise en charge du delirium
La prise en charge du delirium vise à traiter les causes sous-jacentes et à apporter un soutien au patient. Elle peut inclure des mesures de soutien, des médicaments et des programmes de réadaptation.
- Traitement des causes sous-jacentes : il est essentiel de traiter les causes sous-jacentes du delirium, comme une infection, une déshydratation ou un déséquilibre électrolytique.
- Mesures de soutien : il est important de créer un environnement sécurisant et calme pour le patient. La communication claire et adaptée, l'orientation et le repérage dans le temps et l'espace, ainsi que l'aide pour les activités quotidiennes sont des éléments importants du soutien.
- Médicaments : des médicaments peuvent être utilisés pour contrôler l'agitation, les hallucinations et les troubles du sommeil. Ils ne sont généralement utilisés que lorsque les mesures de soutien ne sont pas suffisantes.
- Réadaptation cognitive et fonctionnelle : des programmes de réadaptation peuvent être mis en place pour améliorer les capacités cognitives et restaurer l'autonomie du patient.
Prévention du delirium
La prévention du delirium est essentielle pour réduire son impact sur la santé et la qualité de vie. Elle implique la détection précoce des facteurs de risque et la mise en place de mesures préventives.
- Identification des facteurs de risque : il est important d'évaluer l'âge, la fragilité, les antécédents médicaux, les médicaments, l'état nutritionnel et l'environnement du patient pour identifier les facteurs de risque de delirium.
- Mesures préventives : l'hydratation adéquate, la nutrition équilibrée, la prévention des infections, le maintien de l'activité physique, la promotion de l'autonomie, la réduction de la douleur et la minimisation des effets secondaires des médicaments sont des mesures préventives importantes.
- Surveillance étroite des personnes à risque : il est important de suivre régulièrement les patients présentant des facteurs de risque de delirium, notamment pendant les hospitalisations. Une surveillance attentive permettra de détecter rapidement les premiers signes de delirium et de mettre en place une prise en charge précoce.
Le delirium : une urgence médicale et une menace pour la santé publique
Le delirium est une urgence médicale qui nécessite une prise en charge rapide et adaptée. Il représente une menace pour la santé publique, avec des conséquences importantes sur la santé, la qualité de vie et les coûts de soins.
Le delirium peut entraîner une augmentation de la durée de l'hospitalisation, un risque accru de complications (comme des infections, des thromboses veineuses profondes ou des pneumonies), un déclin cognitif et une perte d'autonomie. Il peut également avoir un impact psychosocial important sur le patient et sa famille, avec des conséquences sur le bien-être, la qualité de vie et l'intégration sociale.
La recherche et l'innovation sont également cruciales pour mieux comprendre le delirium et proposer de nouveaux traitements. Des efforts importants sont nécessaires pour améliorer la sensibilisation au delirium, la formation des professionnels de santé, le développement de stratégies préventives et de prise en charge optimisée. En améliorant la prise en charge du delirium, nous pouvons réduire son impact sur la santé, la qualité de vie et les coûts de soins.